Tous les articles par Éric Gautier

Désolé! pas possible de gaver le Canard…

 » Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille » disait Jacques Chirac. Cette parole  de toutes les époques mais d’une grande modernité est actuellement méditée par François Fillon. Il y pense même le matin quand il se rase… et il y a vraiment de quoi avoir les boules !

Aujourd’hui, à l’heure où j’écris ce billet, avec « six boules» au compteur l’atmosphère devient tout simplement puante… Même si Pénélope, vu le montant de son salaire, ne souhaite pas se mettre à manier le balai et le chiffon à poussière, son François aurait quand même pu embaucher un technicien de  surface, largement moins cher qu’une épouse-assistante parlementaire. Il lui aurait confié la mission de  rechercher les boules puantes qui se reproduisent allègrement sous les tapis. On en sent une, et le lendemain c’est une autre qui vous pète à la figure. Il serait grand temps de déminer…

Lui, le gaulliste pur sucre,  peut bien sûr se rassurer en méditant ce que disait son général en  1965 ; « Ceux qui les lancent finissent par sentir plus mauvais que ceux qui les reçoivent », ou bien encore ce qu’indiquait ce cher Edouard, gaulliste débouté par Chirac : « on ne fait pas une campagne avec des boules puantes ».

Mais enfin, tant qu’à chercher les coupables, si l’ancien premier ministre ne vivait pas dans un château loin de la basse cour, il saurait que le Canard ne peut être accusé de lancement des boules puantes, tout simplement parce que la merde de canard ne sent absolument pas l’œuf pourri, autrement dit l’H2S, autrement dit encore l’hydrogène sulfuré, qui entre dans la composition de la boule. Il saurait également que  le canard ne pond que des œufs frais qu’il ne met jamais dans le même panier. Il ne risque donc ni de faire l’omelette ni de brouiller ses œufs.

De toute façon comme disait François Fillon lui-même lors du lancement de la première boule : « la justice est saisie et c’est très bien ». Tiens ! Tiens ! Lui n’avait pas osé dire qu’il avait confiance en la justice de son pays…

Mais lorsque la sixième lui pète au nez, le discours a change … On en revient alors à la théorie du complot. Et quel complot ! Rien de moins qu’un « coup d’état institutionnel ». Les mots sont importants, il est sans doute urgent de les mettre entre guillemets pour une simple mise en examen :
Qu’est-ce qu’un coup d’Etat ? C’est « la prise du pouvoir par une minorité dans un Etat, grâce à des moyens non constitutionnels. »
Que vient faire là l’adjectif institutionnel, on est généralement habitué à trouver militaire derrière coup d’Etat ? Institutionnel semble signifier que c’est l’institution qui a fomentée le coup d’Etat, et l’institution n’est autre que la République elle-même, la République avec la séparation des pouvoirs et la confiance en la justice de son pays ! Tiens ! tiens ! N’aurait-on soudainement plus confiance dans sa propre défense ?

Il reste que faire un coup d’Etat pour chasser du pouvoir quelqu’un qui n’y est pas encore arrivé est une chose ne peut que relever du complot !

Ah ! Si seulement il avait été possible de gaver le Canard !

Dur, dur, le chemin de l’Elysée…

Je comprends bien qu’en politique tout est possible. Mais il y a cependant des limites à ne pas dépasser. Comment penser un instant que Pénélope pourrait être le talon d’Achille de son candidat préféré ?  Je suis quant à moi certain qu’elle aurait  accompagné son Ulysse à chaque seconde de son Odyssée.

Si encore elle s’était appelée Xavière, on aurait pu émettre des doutes. Mais Pénélope a des arguments totalement irréfutables qui devraient convaincre les juges les plus tatillons.
Comment pourrait-elle montrer les preuves de son travail, puisque en attendant Ulysse elle travaillait tout le jour et que durant la nuit elle détricotait le fruit de son labeur. Il n’est donc  pas possible de donner des preuves de son activité. Détricotés les chaussons pour les enfants, les barboteuses, les mitaines et les chaussettes patiemment élaborés dans la journée…  De son travail,  il ne reste qu’un écheveau de laine proprement enroulé sur lui-même…

Lorsqu’elle devint conseillère littéraire pour la production de l’Iliade, il est également évident qu’elle  écrivait le jour et que le soir à la bougie elle effaçait la totalité de ce qu’elle avait écrit. Et dès lors il était logique qu’elle se retrouve le matin devant une page aussi blanche que la nuit qu’elle avait passée à l’effacer. C’est ici  la conséquence funeste du zéro papier, il ne peut y avoir de preuve matérielle des écrits réalisés informatiquement puisque, par souci de rangement, ils ont vraisemblablement été effacés de la mémoire… erase *.*, et la trace du travail n’existe plus…Ce qui ne signifie pas obligatoirement qu’il n’y a pas eu de travail!

Ce qui me semble parfaitement surprenant c’est la modernité de cette histoire née de la nuit des temps. Etre ainsi capable de faire la synthèse de la primaire de la Belle Alliance alors même qu’aucun synthétiseur professionnel n’y est encore parvenu, ce simple tour de force devrait immédiatement arrêter les poursuites.

En effet, reprenant les mots du candidat qui se revendique « candidat de la feuille de paie » elle est indiscutablement à même de prouver que la feuille de paie témoigne d’un salaire. Mais reprenant également les attaques formulées contre le candidat que l’on dit « candidat de la fin du travail », elle peut aussi montrer que le travail n’est pas indispensable pour percevoir un salaire.
De là à penser qu’elle a anticipé le « Revenu universel » il n’y a qu’un pas… Reste cependant à chiffrer le coût réel pour sa généralisation…

Contrairement à ce que l’on dit, le chemin de l’Elysée, comme celui de l’enfer, n’est pas forcément pavé de bonnes intentions. Aux dires de Pénélope, la vraie,  l’Elysée de la mythologie grecque est bien le lieu de séjour  des âmes vertueuses, d’où l’immunité qui  préside au séjour de ses hôtes…  Sarko l’avait tentée… Fillon ne l’a pas encore atteinte, mais en démocratie il est bon de rappeler que le temps ne fait rien à l’affaire… du moment qu’on a la Santé !

le Quaireux le 30 janvier 2017

 

En hiver il fait froid…

En hiver il fait froid, j’ai beau prendre ma casquette, ma petite laine, mes caleçons longs,  mes gants, mon écharpe, mon manteau, j’ai beau mettre une bouillotte pour bouilloter mon lit, j’ai beau sortir mes édredons de l’armoire de ma grand-mère et chauffer mes couvertures chauffantes, j’ai froid… ou plutôt je ressens le froid, un froid glacial, un froid sibérien,  un froid plus froid que froid, parce que désormais c’est un froid  ressenti…

Ressenti ! C’est-à-dire senti deux fois ! La première fois, j’avais froid, rien de plus normal, c’était l’hiver ! Mais la deuxième fois alors là…

J’ai la nostalgie du temps du thermomètre, jadis, le mercure m’indiquait la température sous abri. Il était alors possible de comparer  et de découvrir qu’il faisait plus froid en haute montagne que sur les bords de l’océan… quel progrès dans la connaissance !

En hiver il fait froid…  Un froid terrible ! Et l’énergie va nous manquer… on risque la coupure…  le black out. Alors l’information se glisse clandestinement dans la salle de bain : « levez-vous après le jour pour ne pas allumer la chandelle ! Et rasez vous mécanique bon dieu ! à l’eau froide ! »

J’attends le soir avec impatience, le soir, le grand soir ou l’information officielle  me demandera d’allumer la bougie, parce que c’est au travers de  la bise que  le froid est ressenti, la bise, la douce bise ou la bise douce qui va m’aider à goûter un peu de chaleur… même si ce n’est pas alors le moment idéal pour  manquer d’énergie !

La faute à qui que tout cela ? La faute aux anti-nucléaires naturellement…  on ne va pas louper l’occasion qui est offerte de leur en mettre une… Et dire qu’il y en  a qui voudraient  monter au charbon pour sortir du nucléaire… j’en grelotte de peur…

Alors je vais m’isoler  de partout du toit, de la  porte, des fenêtres et de la tête …  je grelotte…  donc , je m’isole et l’isolement c’est pas bon pour le moral… je suis toujours en dessous des normales de saison…

Qui c’est le con qui a organisé  la primaire un jour d’hiver où il fait froid ? Encore un qui  ne peut pas voir les vieux ! Les vieux n’iront pas voter, puisqu’ils ne peuvent pas sortir… et qu’on a condamné le vote par correspondance…

Mais c’est pire que ça ! Les virus sont dans la rue qui conduit tout droit aux urgences parce qu’en hiver il y a la grippe et pas seulement pour les poulets et les canards. Les vieux, les mal-foutus, les toussoteux des bronches, les caractériels de l’angine de poitrine,  les cardiaques  prédisposés à l’infarctus, tous ceux là doivent rester chez eux, avec les femmes enceintes et les enfants en bas âge, surtout ne pas sortir de chez soi  parce dehors…  il fait froid…  se confiner en pensant aux autres, refuser d’ être un vecteur de virus, ne pas cracher dans son mouchoir et se laver les mains.  C’est la ministre de la santé qui le dit ! Se laver les mains…

Comme Pilate avez-vous dit ? Mais comment voulez-vous qu’il y ait à du monde à la primaire si en plus du froid les ministres nous annoncent partout qu’il faut s’en laver les mains ?

Si c’est ça la primaire ressentie ! j’ai depuis longtemps compris que le ressenti ment.

En hiver il y a aussi la neige et le verglas sur la route : mettez vos chaînes, enchaînez vous la tête et les neurones, vous pourriez déraper… et si vous dérapez, contre-braquez ! Surtout ne donnez pas dans la gifle, préférez le coup de pied au cul, symboliquement c’est beaucoup plus fort, et ça peut se faire juste avec un petit papier qu’on appelle bulletin…   Bulletin météo naturellement.

Le Quaireux

La politique par l’absurde

Depuis quelques mandatures  la tactique a supplanté la politique  et la politique est devenue politicienne…  L’opportunisme  et le court terme président aux décisions que nous avons mises en place, il est donc logique que  nombre de celles-ci  nous reviennent aujourd’hui en plein visage.

Au plan des institutions par exemple, le mandat présidentiel ramené à cinq ans institue dans les faits une concurrence ouverte entre le Président de la République et son premier Ministre. Nous en avons eu une récente illustration.

L’inversion du calendrier, qui place les législatives juste après les présidentielles, crée une chambre servile aux ordres du premier Ministre, qui génère tout au plus quelques frondeurs lorsque la majorité présidentielle est assez large pour le permettre et qui se transforme en 49-3 quand on n’a plus les moyens de faire rentrer les frondeurs dans le rang…

La mise en place de primaires, renvoie à l’impuissance des partis à dégager un projet et un  leader et complète ainsi  la présidentialisation absolue du système politique…

La dernière primaire a d’abord servi à engranger des voix pour négocier des places après la victoire. C’est ainsi qu’avec 5,6% des voix à la primaire on devient premier Ministre… belle représentativité…

La primaire de la droite a accueilli un certain nombre d’électeurs de gauche, qui,  voulaient se payer Sarko comme au  chamboule-tout  de la foire.  Ils ont, paraît-il, voté Juppé et   la primaire a accouché de Fillon…

Et la primaire de gauche ? A force de rétrécir son assise, elle est devenue la primaire de la « belle Alliance populaire». C’est vrai ! Elle n’est pas populaire pour rien : il en coûte deux fois moins cher à l’électeur que pour la  primaire de droite ! C’est en somme l’illustration du prélèvement à la source… le débit de la source de gauche étant censéêtre largement moins important que celui de la source de droite…

Mais cette alliance, belle et populaire, c’est une alliance entre qui et qui ? Une alliance entre ceux qui devraient ne pas avoir à en faire puisqu’ils appartiennent tous au même parti ou presque.

 Il me reste encore quelques jours avant le premier tour, permettez moi de vous livrer le point de ma réflexion.

Si, au premier tour de la primaire,  je vote pour Valls, la ligne droitière de la Belle Alliance,  et qu’il se trouve désigné ; lors de la présidentielle,  j’enlèverai à Macron  les voix de la droite du PS mais Valls  sera plus facilement battu par Mélenchon qui récupérera une partie des voix de gauche..

Si je vote pour Hamon ou Montebourg, et que l’un des deux soit désigné ; lors de la présidentielle,  je diminuerai les chances de Mélenchon qui aura plus de mal à gratter des voix sur ce qui reste de l’électorat de gauche du PS,  par ailleurs  je laisserai le champ libre à la « macronisation » de la droite du PS, et Macron va s’y croire encore un peu plus…

Ainsi donc le télescopage de la primaire et de la  présidentielle me conduit à penser que plus je penche pour  la gauche du PS, plus je dois voter pour sa droite et soutenir Valls et plus je penche pour la droite du PS, plus je dois voter pour sa gauche  et soutenir  Hamon ou Montebourg !

Face à tous ces calculs de billard à trois ou quatre bandes, il me reste une possibilité qui mérite je crois d’être analysée jusqu’au bout : voter à la primaire de gauche pour celle ou celui qui n’a aucune chance d’être désigné.

Ainsi mon bulletin ne saurait être trahi  par les politiques qu’il n’aura pas l’occasion de faire gagner. Très attaché au droit de vote, je serais allé voter à  la primaire et  on ne pourra pas me reprocher mon abstention à ce grand débat  démocratique. Enfin je suis certain que le candidat que je soutiendrai,  ne sera pas en mesure de piquer des voix ou sur sa droite ou sur sa gauche au gré des opportunités.

C’est aussi la seule manière d’anticiper pour  me retrouver en conformité avec  la déclaration à venir du premier secrétaire de la rue de Solférino : «  Comme tous les soirs de défaite,  j’en appelle au front républicain et vous demande cette fois encore  de ne pas vous laisser mariner en  votant  pour le moins pire ! »

Le Quaireux

Je profite de ce billet pour vous donner deux informations :
1°. Je donnerai une conférence sur mon livre « Voyage dans le journal d’un coopérative intellectuelle » (La Fraternité puis La Concorde, journal publié à Lezay), le Samedi 21 janvier 2017, à 15 heures à l’hôtel du Menoc à Melle (79500), à l’invitation de La Société Historique de Melle.

Accompagné par Sabine Louys au violoncelle, je donnerai également le spectacle – lecture « Poésie sous l’archet » le 21 janvier à 20h30 à la salle des Fêtes de Mairé Levescault (79190) à l’invitation du Foyer Rural.

Vous êtes cordialement invités à ces deux manifestations.

Eric Gautier

Populiste! Vous avez dit populiste…

Ne m’en veuillez pas si une de mes promenades préférées m’amène à la rencontre des mots entre les pages de dictionnaires parfois un peu jaunies ou tout au contraire entre les pages qui sentent encore un peu l’encre de leur impression. Les premières aident à comprendre l’évolution de la langue et du sens des mots en fonction de leur histoire propre et de l’histoire qui les entoure. Je voue alors une affection toute particulière à mon vieux Bescherelle, authentifié par la signature de son auteur en 1852. Les secondes permettent de scruter l’apparition de mots nouveaux ou bien alors les glissements de sens d’une époque à une autre.

Il en est ainsi de l’adjectif « populiste » si fortement utilisé par les temps qui courent qu’il vaut bien un petit détour.
L’adjectif populiste  était ignoré par le vieux Bescherelle qui parlait non de populisme mais de popularisme pour décrire «une popularité érigée en système, cour basse et servile faite au peuple ». Le mot popularisme est tombé en désuétude, tout comme le mot « populicide » qui  renvoyait à « ce qui est funeste pour le peuple, qui est ruineux pour les intérêts du peuple  et par extension, celui qui porte atteinte au bonheur  du peuple ». Ces mots  ne s’utilisent  plus guère de nos jours, même si les pratiques qu’ils  signifiaient perdurent encore aujourd’hui.

Populiste semble dériver du nom populisme. Pourtant, le populisme était au début du siècle dernier « une école littéraire qui se proposait de peindre les mœurs des hommes du peuple ». Pratiquement rien à voir avec l’acception d’aujourd’hui.  Le dictionnaire historique de la Langue française précise que : « ce n’est que dans les années 1970 et surtout depuis 2000 que l’adjectif populiste a envahi le vocabulaire des politologues » Il a emporté, accolé au suffixe iste, un caractère très péjoratif.

En somme il qualifie sous un même vocable le Front national auquel on peut ajouter la France de Dupont Aignan  d’un côté et le Parti communiste auquel on joint Le Front de Gauche. Tout au plus pour quand même éviter la caricature, ajoutera- t-on d’un côté populisme de droite et de l’autre côté populisme de gauche ! Ce qui ne veut strictement rien dire.

En fait, par cet amalgame, on confond sciemment le peuple et « la foule ignorante qui se laisse berner pour qui sait la séduire », on signifie ainsi que le peuple  n’est pas assez intelligent, perspicace, et informé pour gouverner la société. C’est avouer,  sans oser le dire,  la faillite de la démocratie, qui dans sa définition reste bien le gouvernement du peuple par le peuple, au profit d’une « élitocratie » qui est devenue le gouvernement du peuple par et au profit des pseudos élites.

C’est dire aussi que la politique n’est plus aujourd’hui que la gestion du système économique et social. Une gestion plus ou moins ceci ou plus ou moins cela qui ne peut remettre en cause le système sans prendre en plein visage le qualificatif de « populiste » prononcé au nom d’une pensée avortée incapable de se remettre en cause.

C’est oublier aussi qu’il y a d’autres voies que les rails obligatoires que l’on nous impose aujourd’hui au nom des équilibres de toutes sortes. Oublier qu’il y a d’autres voies à construire pour peu que  la démocratie repose sur l’éducation populaire pour donner à comprendre et transformer  le monde dans lequel nous vivons.

Voilà sans doute pourquoi, je préfère pour éviter tous ces amalgames utiliser la racine grecque du mot démagogue.

Le Quaireux le 9 janvier 2017