Depuis quelques mandatures la tactique a supplanté la politique et la politique est devenue politicienne… L’opportunisme et le court terme président aux décisions que nous avons mises en place, il est donc logique que nombre de celles-ci nous reviennent aujourd’hui en plein visage.
Au plan des institutions par exemple, le mandat présidentiel ramené à cinq ans institue dans les faits une concurrence ouverte entre le Président de la République et son premier Ministre. Nous en avons eu une récente illustration.
L’inversion du calendrier, qui place les législatives juste après les présidentielles, crée une chambre servile aux ordres du premier Ministre, qui génère tout au plus quelques frondeurs lorsque la majorité présidentielle est assez large pour le permettre et qui se transforme en 49-3 quand on n’a plus les moyens de faire rentrer les frondeurs dans le rang…
La mise en place de primaires, renvoie à l’impuissance des partis à dégager un projet et un leader et complète ainsi la présidentialisation absolue du système politique…
La dernière primaire a d’abord servi à engranger des voix pour négocier des places après la victoire. C’est ainsi qu’avec 5,6% des voix à la primaire on devient premier Ministre… belle représentativité…
La primaire de la droite a accueilli un certain nombre d’électeurs de gauche, qui, voulaient se payer Sarko comme au chamboule-tout de la foire. Ils ont, paraît-il, voté Juppé et la primaire a accouché de Fillon…
Et la primaire de gauche ? A force de rétrécir son assise, elle est devenue la primaire de la « belle Alliance populaire». C’est vrai ! Elle n’est pas populaire pour rien : il en coûte deux fois moins cher à l’électeur que pour la primaire de droite ! C’est en somme l’illustration du prélèvement à la source… le débit de la source de gauche étant censéêtre largement moins important que celui de la source de droite…
Mais cette alliance, belle et populaire, c’est une alliance entre qui et qui ? Une alliance entre ceux qui devraient ne pas avoir à en faire puisqu’ils appartiennent tous au même parti ou presque.
Il me reste encore quelques jours avant le premier tour, permettez moi de vous livrer le point de ma réflexion.
Si, au premier tour de la primaire, je vote pour Valls, la ligne droitière de la Belle Alliance, et qu’il se trouve désigné ; lors de la présidentielle, j’enlèverai à Macron les voix de la droite du PS mais Valls sera plus facilement battu par Mélenchon qui récupérera une partie des voix de gauche..
Si je vote pour Hamon ou Montebourg, et que l’un des deux soit désigné ; lors de la présidentielle, je diminuerai les chances de Mélenchon qui aura plus de mal à gratter des voix sur ce qui reste de l’électorat de gauche du PS, par ailleurs je laisserai le champ libre à la « macronisation » de la droite du PS, et Macron va s’y croire encore un peu plus…
Ainsi donc le télescopage de la primaire et de la présidentielle me conduit à penser que plus je penche pour la gauche du PS, plus je dois voter pour sa droite et soutenir Valls et plus je penche pour la droite du PS, plus je dois voter pour sa gauche et soutenir Hamon ou Montebourg !
Face à tous ces calculs de billard à trois ou quatre bandes, il me reste une possibilité qui mérite je crois d’être analysée jusqu’au bout : voter à la primaire de gauche pour celle ou celui qui n’a aucune chance d’être désigné.
Ainsi mon bulletin ne saurait être trahi par les politiques qu’il n’aura pas l’occasion de faire gagner. Très attaché au droit de vote, je serais allé voter à la primaire et on ne pourra pas me reprocher mon abstention à ce grand débat démocratique. Enfin je suis certain que le candidat que je soutiendrai, ne sera pas en mesure de piquer des voix ou sur sa droite ou sur sa gauche au gré des opportunités.
C’est aussi la seule manière d’anticiper pour me retrouver en conformité avec la déclaration à venir du premier secrétaire de la rue de Solférino : « Comme tous les soirs de défaite, j’en appelle au front républicain et vous demande cette fois encore de ne pas vous laisser mariner en votant pour le moins pire ! »
Le Quaireux
Je profite de ce billet pour vous donner deux informations :
1°. Je donnerai une conférence sur mon livre « Voyage dans le journal d’un coopérative intellectuelle » (La Fraternité puis La Concorde, journal publié à Lezay), le Samedi 21 janvier 2017, à 15 heures à l’hôtel du Menoc à Melle (79500), à l’invitation de La Société Historique de Melle.
Accompagné par Sabine Louys au violoncelle, je donnerai également le spectacle – lecture « Poésie sous l’archet » le 21 janvier à 20h30 à la salle des Fêtes de Mairé Levescault (79190) à l’invitation du Foyer Rural.
Vous êtes cordialement invités à ces deux manifestations.
Eric Gautier