Photos et poèmes
Le sentier caillouteux et pentu semble rythmer le pas essoufflé du marcheur. La pause, souvent de rigueur, se dissimule timidement derrière l’intérêt saisonnier porté au paysage, elle prend parfois un peu d’assurance quand l’essoufflement du marcheur se blottit derrière l’écran de sa machine à pixels.
Hier comme aujourd’hui, on pénètre alors dans le champ clos du photographe et de sa matière, dans ce dialogue intime du regard qui se projette dans l’objet, qui rêve, qui interprète, qui distille du sens, qui propose de la légende ou de l’histoire.
Attention ceci n’est pas une montagne, c’est une pierre, un simple caillou que la focale de l’objectif vient de transformer en délire onirique, support ou prétexte à l’interprétation…
… à chacun donc son regard, sa lecture et sa découverte.
Mésange charbonnière
et dire qu’il aura fallu
des années lumières de migrations pour que la mésange charbonnière
réussisse à inscrire son nom
dans le bas de ce tableau
autoportrait
surgit d’on ne sait où
peint ou dépeint avec je ne sais quoi
labeur incessant
obstiné
tenace
têtu
le bec pour burin
les pattes frêles pour griffures
et tout cela simplement
pour imprimer sa trace
juste histoire de défier le temps.
Empreinte digitale
que reste-t-il
de l’orgueil du papillon parti tutoyer le soleil
de la persévérance de l’hirondelle à retrouver son chemin dans le dédale migratoire
deux taches de couleur
dernière empreinte digitale inscrite sur la pierre
Caverne
refuge de lézard
ou abri de vipère ?
survivance du mythe
étroit boyau humide et chaud
passage obligé pour une visite à l’intérieur de la terre
à tâtons
pour découvrir le doute dans l’incertitude d’un pas mal assuré
et le questionnement ininterrompu de la recherche
jusqu’au retour de voyage
l’œil aveugle
éclaté de bleu
paie le tribut de son retour à la lumière.