Le simple mot de chat, mammifère à moustaches, quatre pattes, deux oreilles et une queue dans sa définition première, télescope dans notre langue quantité d’autres mots qui parfois caressent notre chat dans le sens du poil ou bien lui en font voir de toutes les couleurs. Le mariage linguistique qui résulte de ces rencontres fortuites dérive vers d’autres images et d’autres sens.
Alors quand l’imaginaire s’empare des mots, le chat du départ devient un son, une seule syllabe à la recherche d’un compagnonnage de jeu pour participer à la création d’un monde nouveau : burlesque, sarcastique, caricatural ou tout simplement amusant.
Textes Eric Gautier
Dessins Gabriel Lefebvre
Editions Atlande
Le « chat-pitre »
Le « chat- pitre » est sans aucun doute le plus amusant de tous les chats. Il passe la totalité de son temps à chercher à faire rire. Il a quand même parfois de petits problèmes s’il cherche à faire rire le « chat-suble » lorsque celui-ci accompagne le « chat-pelle » dans ses méditations profondes. Seule la présence à ses côtés du « chat-noine » et du « chat-pelet » est de nature à le faire pardonner.
Longtemps les spécialistes des chats, ont associé le « chat-loupe » et le « chat- pitre ». En effet Ils pensaient que le « chat- loupe » devait son nom à sa maladresse originelle qui faisait que le « chat-loupe » loupait. Son loupé entraînant le rire de tous ceux qui le regardaient, les spécialistes le considéraient comme apparenté au « chat- pitre ».
L’avancée de la science et les découvertes qui en résultent, ont montré une toute autre réalité : le chat-loupe loupe parce qu’il ne voit pas, ce qui prête moins à rire. Et la loupe qu’il porte derrière son nom de chat est destinée à lui permettre de voir un peu moins mal.
Si tu n’as pas de « chat-pelet » à caresser, surtout ne fréquente pas le « chat-pitre ».
Le « chat-ria »
Le « chat-ria » oblige le « chat-dort » à se couvrir systématiquement le visage avant de s’endormir. C’est une part importante du boulot que le « chat-ria » est amené à exercer.
Il est évident en effet que la vue d’un visage de chat juste avant le sommeil est propice au rêve, voire au phantasme.
C’est également dans le même esprit que la présence du « chat-touille » est strictement interdite dans les lieux publics surtout si celui-ci est accompagné d’un « chat-man » qui n’a d’autre idée en tête que de courtiser avec douceur le « chat-seur » en espérant plutôt découvrir la sœur du chat…
L’autre travail du «chat-ria » est non moins important : « le chat-ria » a pour mission de surveiller étroitement le « rat-madan » au cas où celui-ci en viendrait à oublier la rigueur absolue de son alimentation.
C’est pour tout cela que le « chat-ria » semble un lointain cousin du « chat-grin »…
Le « chat-bat »
Le « Chat-bat » s’orthographie de différentes manières. On peut ainsi écrire : « Chat-bat », Shabbat, ou bien encore Chabbat.
La diversité de cette écriture a sans doute pour origine l’histoire même de l’humanité et le fait que ce chat a été intégré dans de nombreuses migrations promenant ses quatre pattes dans des pays très variés.
Ce qui nous semble plus surprenant encore, c’est que depuis l’origine il ait réussi à tisser des liens étroits avec celui qui aurait pu être considéré comme un ennemi héréditaire si on s’en tient uniquement à la génétique. Il peut paraître en effet étonnant que le « Chat-bas » ait établi des liens d’amitiés avec le « Rat-bin ». Des liens si forts qu’ils fréquentent ensemble et côte à côte les mêmes cérémonies et les mêmes repas.
Arrêtons donc de chercher le mur des lamentations et réjouissons- nous de la richesse des différences.