Tous les articles par Éric Gautier

En 2017… gardons nos repères !

Pour arriver au pouvoir, il vaut mieux que la gauche soit adroite c’est-à-dire  habile, car si la gauche reste gauche, elle sera nécessairement malhabile donc  maladroite.

Mais si la gauche qui reste à gauche est mal à droite autant qu’elle reste à gauche…

De même si la droite devient gauche, c’est qu’elle devient maladroite et si la droite qui devient gauche est maladroite,  autant qu’elle reste à droite…

C’est peut-être un peu primaire…  mais il se dit à ce propos qu’une gauche adroite pourrait passer l’arme à gauche…

Face à la droite très à droite, c’est l’alarme à gauche…

Il me reste à souhaiter que 2017 n’apporte pas la larme à gauche…

Bonne année à vous.

Le quaireux le 1 janvier 2017

Quand l’exception devient la règle…

 

De loi en loi, « l’état d’urgence »se  perpétue.
Quand s’arrêtera-t-il ?
– Quant il n’y aura plus de risques d’attentats, bien sûr.
– Mais quand n’y aura-t-il plus de risques d’attentats ?
– Bien malin qui pourrait s’accorder à le dire… Le risque est imprévisible et inhérent à la vie. Quel politique pourrait même envisager de supprimer « l’état de risques » sans se faire traiter de laxiste et d’incapable ? Alors, dans cette période électorale, attendons- nous à voir fleurir une surenchère verbale pour transformer au mieux la peur et l’émotion en bulletins de vote. Personne ne peut prendre le risque de supprimer « l’état de risques ».

Ainsi donc la permanence du risque nous englue dans le risque de la permanence. Brecht avait raison, l’exception devient la règle.

J’étais en train de travailler à ce que j’envisageais pour l’humeur du lundi, lorsque je suis tombé sur un court article en page 2 de la Nouvelle République.

Je m’étais juré, de ne jamais écrire un mot sur mon successeur à la tête du Conseil désormais départemental…  Non qu’il n’aurait mérité parfois quelques coups de plume aiguisés, mais plus par respect pour une fonction que j’avais occupée pendant plusieurs années.

Juré craché pas un mot, pas une ligne, juré craché si je mens  je vais en enfer…

Pourtant ce matin à la lecture du journal, c’est terrible,  l’humeur me gratouille tellement que je suis pratiquement décidé à passer outre la promesse, faite à vrai dire uniquement à moi- même, ce qui me laisse quelques possibilités pour m’arranger avec ma propre conscience…
A bien y regarder de près, je préfère prendre le risque, mesuré somme toute,  du feu de l’enfer à l’ulcération progressive de mon humeur du lundi rongée par une plume qui ne ferait que se replier dans son mutisme.
De quoi est-Il question ? D’un repli du Conseil départemental dans son antre d’hier dans les locaux de la préfecture. Magnifique salle de délibération aux parements muraux de bois, aux sièges cannés, une vrai bijou bourgeois de la Troisième République…  Est-ce donc que le Président en exercice veut s’évertuer à marcher dans les pas de ceux qui l’ont précédé à la tête de la collectivité ? Une grande naïveté feinte me porterait à le croire…

Et bien que nenni !

Est-ce donc une application à la lettre de « la France en guerre et en état d’urgence » votée en ce moment par la représentation nationale ? Le Président aurait- t- il connaissance de quelques menaces islamistes importantes à l’encontre de notre représentation départementale ? Une menace si importante que la seule solution serait de chercher refuge dans les bras de l’Etat, chose surprenante pour un libéral…

En ce cas, je me permets de suggérer un investissement dans les casques lourds et les gilets pare-balles et des protections rapprochées au moins pour les membres de sa majorité… Les autres…

A moins que les informations confidentielles qui sont sans aucun doute en sa possession ne réclament la promulgation de l’état d’urgence pour le Conseil départemental lui-même.

 Permettez moi alors de proposer  l’acquisition d’une chemise  résistante à toute épreuve physique, au cas où le directeur général serait confondu par méprise avec un cadre d’Air France, ainsi qu’un entraînement intensif au coup de poing , exercice déjà pratiqué contre certains agents par quelques  élus départementaux majoritaires lors d’une précédente délibération…

Il reste toutefois que, si malgré cet état d’urgence, vous restez intéressés par la vie citoyenne, n’oubliez pas de vous munir d’une pièce d’identité, les sans papiers ne seront pas admis… mais ne vous trompez pas,  je suis certain qu’une carte syndicale ne peut en aucun cas faire office de papier d’identité et donc de ticket pour l’entrée dans cette magnifique salle où, par peur, on se réfugie pour voter le prochain budget.

Pardonnez-moi, mais mon humeur se sent soudain un peu soulagée… tant pis pour le soufre de l’enfer !

 Le Quaireux, le 19 décembre

le syndrome de la vitrine

Les décors de lumière envahissent la rue, les sapins  s’enguirlandent sur leurs dernières aiguilles, les vitrines se maquillent pour faire sonner le tiroir caisse, le Père Noël bichonne son traîneau en se risquant à offrir des bonbons au miel, le photographe croque le sourire ébahi des tous petits… le commerce bat son plein…

Sur le petit écran, la pub irradie le corps des femmes  toujours jeunes et belles, le luxe dégouline finement de leurs oreilles,  de vraies princesses. Les bijoux de diamant se dandinent au cou des émiresses  heureuses de faire rêver jusqu’à   l’Arsène Lupin de service…
Les bijoutiers, que dis-je les joailliers, de la place Vendôme exhibent leurs colliers et leurs perles, l’or rutile…
Les Rollex s’affichent pour signer l’heure de la réussite sociale…
Le carrosse de service roule des mécaniques pour inviter à l’évasion…
Les parfums suaves et excitants se tirent la bourre  pour embaumer la soirée de Noël : la grande Coco N°5 se bat en duel contre  Jean Paul  et ses senteurs aigrelettes de phéromone…
Les bulles se piquent de dévaler jusqu’à la coupe parce qu’elle n’est jamais très loin des lèvres…

C’est bientôt la fête…

Le flot incessant des images virtuelles me plonge dans un monde totalement irréel pour le citoyen commun que je suis…  Est-il pertinent de parler de fracture…ou plutôt de  fossé ou bien encore de gouffre.  et si tout cela n’était pas pour moi ? Et si tout cela n’était pas pour nous ?
D’un côté la société des « pleins aux as » comme l’élite  footballistique de Madrid, Paris, Barcelone ou Chelsea, comme les milliardaires qui se piquent de politique, comme les PDG  qui perdent leur chemise  au travail, comme les boursicoteurs qui flairent le bon  tuyau ou comme les banquiers qui courtisent les paradis fiscaux et comme ceux qui sont nés avec une cuillère d’or ou d’argent sur la langue pour dilapider  la fortune de papa.

Et de l’autre, côté tous ceux, nombreux qui vont se  retrouver, comme ce gamin  que vous connaissez tous, les doigts et le nez écrasés sur la vitrine du pâtissier, un rêve d’éclair au chocolat au fond des yeux sans  le moindre sou dans le fond de la  poche…,
Pendant ce temps, les restos du Cœur jouent à guichet fermé, la Croix Rouge n’en peut plus de servir une soupe bien chaude aux longues files anonymes qui frappent à sa porte, les couvertures de survie cachent le seul abri des sans –abri, il fait froid et les pieds gèlent… il paraît que c’est bientôt la fête… drôle de fête…

Non,  il ne s’agit pas d’une coupure entre les élites et la peuple comme on entend souvent, il s’agit d’une fracture, d’un fossé entre l’opulence, le luxe, l’abondance, les fins de mois difficiles, les poches vides, et la faim et le froid…

A-t-on aujourd’hui le droit de s’indigner sans se faire traiter de populiste par la médiacratie en place ?

le Quaireux Le 11 décembre 2016

Salut François !

Notre langue française est vraiment merveilleuse. Si je vous dis : «Salut François ! » Il a fort à parier  que le lecteur  qui ne me connaît pas pourrait traduire « Salut François » comme un mot de bienvenue et d’impatience de voir arriver aux affaires « la France moisie et rance » de François Fillon. Le même lecteur pourrait aussi traduire : «Au revoir François et merci de laisser la place !…

Un autre pourrait penser que je salue et remercie François Hollande pour le travail réalisé au cours de ces presque cinq ans ! Et que je vais ajouter dans la foulée derrière  «Salut François !… un « Salut Manuel ! » des plus chaleureux. Il est sans doute vrai que ce lecteur là ne me connaîtrait pas forcément mieux que le premier !

C’est bizarre, il suffit juste de dire que l’on s’en va et l’on devient tout de suite plus sympathique, d’ici peu, on serait même regretté, regrets éternels, les meilleurs partent les premiers…on connaît ces banalités…

En tout cas, ça dégage le paysage politique pensent plus ou moins ouvertement les remplaçants éventuels… Pas  si sûr au fond…

Aussitôt l’annonce, les fabriques d’opinion se remettent au travail, les sondeurs s’affairent comme jadis la Pythie chez les grecs, ils charcutent leurs algorithmes avec autant de précision que les anciens pénétraient l’insoupçonné et l’avenir dans  les entrailles de poulets,  avec autant de certitudes que  les confessions d’un marc de café bio expurgé de la machine à café du bureau, mais ils gardent l’assurance absolue du grand prédicateur, qui sait.

Les journalistes, ne voulant pas être en reste, continuent de faire croire qu’ils sont des savants de la politique et les experts expertisent ravis d’exposer leurs certitudes à la table des fabricants d’informations.
Que dit tout ce petit monde ? Ils ont eu une surprise, une grande surprise… Ils ne savaient pas, même s’ils sont nombreux à déclarer qu’ils avaient  détecté des signes avant-coureurs de la décision prise…  Alors, comme pour oublier cette déconvenue passagère, ils repartent immédiatement à l’assaut de l’indice, du tuyau, de la confidence qui leur permettrait d’annoncer « urbi et orbi » le nom du fils naturel qui va tenter de reprendre l’héritage.

Et les sondeurs inlassablement se remettent à sonder…

Sur informés et coincés dans l’instantané du temps, Ils oublient de mesurer la profondeur de l’oubli, pourtant il paraît presque certain que la présidentielle se jouera sur la capacité des électeurs à oublier.

Oublier que Fillon fut le « collaborateur » de Sarkozy, premier ministre pendant cinq ans qui devrait mettre à son actif toute la politique de casse  qui a amené au rejet…Comment effacer ces cinq années là si, par hasard, elles revenaient à la mémoire ?

Oublier que Valls a été le grand diviseur de la gauche, imposant à coups de mentons caporaux, la loi sur le travail ou le rejet des boues rouges en Méditerranée et tentant de décliner à son profit  la déchéance de nationalité.

Oublier que l’extrême droite tente de se cacher, de se dissimuler loin des propos xénophobes des ses fondateurs, et que Marine Le Pen reste quoiqu’il arrive la fille de son père.

Après avoir refusé de regarder de près l’ensemble des défaites électorales de la mandature, la primaire de la soi disant « Belle Alliance populaire » sonne comme le casting présidentiel des « belles gueules politiques »  pour endosser définitivement l’hyper présidentialisation du régime. Elle révèle par là même l’incapacité à construire un projet collectif pour faire naître dans les faits une société plus juste et plus humaine. Nous touchons là les limites d’une démocratie dont le système médiatico-politique est en train de corrompre le sens le plus profond en la faisant basculer dans le spectacle, c’est-à-dire dans l’irréel et l’illusion.

En  guise de discours politique, on aura droit à un défilé de costumes, de cravates et de sourires pour désigner le candidat le plus propre sur lui, celui qui saura prendra au mieux la lumière de l’écran puisque depuis cinq ans on a laissé les espoirs,  la volonté de justice et de changement sur le bord de la route.

Pourtant, la mémoire reste notre bouée de résistance. Cultivons la  et rappelons par exemple, sans nostalgie, que le slogan de 1981 était : « Changer la vie ! »

                                                           Le Quaireux le 3 décembre 2016

 

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A droite ! Droite !

Depuis plusieurs mois la vie politique se résume aux primaires. Drôle d’exercice que l’on nous présente comme totalement démocratique destiné à rapprocher le citoyen de l’élite alors qu’il ne s’agit en fait que d’un « reality show » mis savamment en scène par le show-biz politique, simple tour de chauffe pour la présidentielle.

Le scénario a été  signé par les commentateurs et les conseils  des différents candidats. Bien sûr, on le sait, dans un combat, il y a des morts et des blessés. Et on connaît même leur nombre à défaut de leur identité : cinq au premier combat et un lors du duel final. Mais on sait aussi qu’il y aura, c’est la coutume, des récompenses pour tous les participants…  qui un billet pour le Cap Nègre, qui un marocain, qui une présidence de commission pour les moins richement dotés, qui un  marchepied de ministre, voire de premier d’entre eux, ça s’est déjà vu dans le passé…

Après quelques manœuvres plus ou moins habiles et quelques tentatives de contournement vient le temps du combat et de la première bataille.

Les communicants ont exercé leur poulain. Ils sont prêts, alignés côte à côte dans les box de départ. A priori ce n’est pas une course à handicap même si le spectateur que je suis peut avoir le sentiment que certains sont un peu chargés. De toute façon, par principe, je ne mise pas un kopeck dans une course pareille ;
Le starter télévisuel brandit son révolver et donne le départ. Déjà les brancardiers commencent leur travail. Exit Sarko rattrapé au moment où il s’apprête à remonter les marches du palais en craignant à nouveau les punaises de parquet…
Exit Poisson, épuisé à nager dans le bénitier familial…
Exit Koscuisko, éliminée pour regarder un peu trop loin après la bataille…
Exit Le Maire, rattrapé pour avoir négligé la respectabilité d’une cravate…
Exit Copé, pourtant parfaitement conscient que l’importance de ses 0,3%de voix peut faire basculer le second combat…

Cinq ! Le compte est bon ! On s’arrête là ! Il faut bien qu’il en reste deux !

Et dès lors on nous annonce le duel! Le duel à mort, tels des gladiateurs dans l’arène romaine, tels des boxeurs qui visent le KO…  la foule télévisuelle  scandera : «  ta droite, ta droite, ta droite, mets lui sous la ceinture ! ». Un autre prendra le micro pour déclarer : « Fillon s’est radicalisé, il est urgent de le ficher S » ! Mais attention ! Pas un seul spectateur ne doit crier : « Ton gauche ! Ton gauche » parce que leur gauche n’est pas d’actualité!

Le combat terminé, on attendra les sondages pour savoir qui a perdu, et tout le monde comme un seul homme reprendra alors le chemin des meetings et des marchés pour soutenir le vainqueur comme jadis la corde soutenait le pendu.

Cette mise en scène là, était bien la volonté des commentateurs experts en politique… Mais ce combat là n’a pas eu lieu. Que voulez-vous ? Ils sont tous les deux de la même famille.

Enfoncé dans mon fauteuil, je me demandais quelles  étaient les différences entre ces deux impétrants présidentiels ?. En écoutant leurs arguments j’étais frappé par le commun de leurs programmes (pour ne pas dire leur programme commun…). La discussion aimable  ne portait que sur les nuances, sur le niveau de la potion amère qu’ils  infligeront  aux français et  à la France dont ils sont soi-disant malades.

Par contre, l’oubli était invité à la table du débat, l’oubli de la politique menée par  Sarkozy mort au combat de la primaire, dont Fillon était le premier ministre et Juppé ministre d’Etat. L’oubli de cette politique qui a creusé comme jamais la dette de l’Etat, et augmenté les inégalités entre les plus riches et les plus pauvres. Et c’est ainsi que l’on voit réapparaître dans les deux programmes la suppression de l’impôt sur la fortune, la hausse de la TVA en souvenir de la TVA sociale, la fin des trente cinq heures, les allégements tout azimut pour les entreprises, la casse systématique des services publics par la suppression des fonctionnaires,  bref un programme libéral de droite pour Juppé et un programme libéral droite-droite pour Fillon.

Oubliée aussi, pour faire propre, la vision de cette France moisie  exprimée par Fillon, de cette France qui régurgite les relents de xénophobie et ne jure que par son identité glorieuse en rêvant de réécrire l’histoire.

Dans quelques semaines, on  entendra alors reprendre la litanie des primaires : « A droite !!Droite ! Droite ! », normal me direz vous puisqu’au mois de janvier, l’autre barnum essaiera de faire oublier la litanie de son quinquennat : « A gauche ! Droite ! A gauche !Droite ! » et on se préparera à l’élimination, sans gloire, sur l’autel du libéralisme social…

Macron attendra  son bus à l’aubette du square n’ayant pas été informé que sa compagnie a fait faillite…
Le petit caporal rêvera à ses galons de général, ignorant encore que le  pont d’Arcole est déjà pris…
Le président en exercice aura toujours du mal à faire un exercice de président…

A gauche ! Gauche ! hurleront bien certains…au risque de parler dans le vent !

Alors, en guise de bilan, pour éviter le pire,  le secrétaire général de service en appellera au front républicain, dernière dérision et  dernière illusion. Comment faire front avec « la droite ! Droite ! », sans renier ses propres engagements et sa propre histoire ?

Le Quaireux  le 27 novembre 2016