Premier temps
Prendre un sujet symbolique de « réforme », façon « loi sur le travail ». Commander, préalablement un ou plusieurs rapports sur le sujet. Préparer quelques fuites, savamment organisées vers la presse bien avant la mise en discussion officielle. La remise d’un des rapports commandés est un excellent moment pour ce faire…
Accompagner les fuites de quelques coups de menton bien sentis, pour montrer que l’on n’est pas un dégonflé et bien sûr faire des annonces totalement maximalistes.
Attendre les premières réactions virulentes… elles ne devraient pas tarder et surtout garder un œil sur les sondages…
Deuxième temps
Donner alors l’apparence de la concertation en ouvrant des rencontres avec l’ensemble de ceux que, dans cette phase, on appelle partenaires .
Laisser un peu de temps au temps, comme disait… juste histoire de faire croire que l’on souhaite le débat…
A la suite de ces rencontres, lâcher un peu de lest sur un ou deux sujets mineurs de façon à donner un peu de grain à moudre à certaines organisations syndicales, cela permettra à leurs dirigeants de faire croire qu’ils auront obtenu quelque chose et qu’il vaut mieux s’asseoir à la table du débat.
La presse les qualifiera alors de réformistes ce qui, par les temps qui courent, peut apparaître positif aux yeux de l’opinion. Cela permettra de les opposer aux autres syndicats, que vous pourrez qualifier de révolutionnaires si la rue cherchait à entrer dans le débat. En ce cas, n’oubliez pas d’en appeler à l’unité de la Nation puisque nous sommes en guerre…
Troisième temps
Maintenir l’essentiel des mesures, les faire voter en jouant la carotte et le bâton avec les députés et sénateurs de sa propre majorité, faire donner pour cela les professionnels des arguments de langage… puis les professionnels de la menace discrète… gare à ton investiture… attention à ta vice-présidence…
Trois risques majeurs sont cependant à relever :
- Mécontenter tout le monde… Il conviendra alors de se draper dans les habits d’un « vrai réformateur » qui vise le bien de la Nation, au delà des intérêts particuliers !
- Diviser ses propres partisans et réduire la base sur laquelle on avait été élu… Qu’à cela ne tienne : si la gauche vient à manquer, appuyez-vous sur la droite ! Vous pourrez toujours chercher à faire porter la responsabilité de la division sur ceux de votre propre camp qui vous contestent. Traitez-les alors de frondeurs avec le plus grand mépris …
- Donner l’impression de l’impréparation et d’un amateurisme gouvernemental. En ce cas, faire croire au contraire qu’il s’agit d’une méthode d’écoute et de concertation…
Le danger d’entrer ainsi dans une Valls éperdue, c’est qu’à force de tourner sur soi, on risque soit de se marcher sur les pieds soit de perdre l’équilibre et de voir trente six chandelles… plus dure sera la chute !