Sans faire trop de bruit voilà le printemps qui s’radine. Déjà les amandiers ont commencé à prendre l’hiver en grippe, l’aubépine noire et les pêchers ne vont pas tarder à les imiter, le colza va bientôt jaunir les campagnes, puis viendront les fleurs d’acacia et de châtaignier.
Quel carnet de commande pour les abeilles !
Chez moi, elles commencent à se mettre au travail, besogneuses, ouvrières infatigables, elles n’ont pas attendu le vote de la loi sur le travail, elles sont déjà totalement macronisées. La concurrence entre ruches voilà leur motivation profonde. Elles ne rêvent que de productivité.
Pourtant les statistiques officielles les concernant font état d’un travail au noir important : elles pollinisent les pommiers, les pêchers, les pruniers et de nombreux autres fruitiers sans jamais déclarer leurs revenus et leurs avantages en nature. Pour l’instant les services fiscaux ferment les yeux, mais si un jour ils découvraient l’importance de la fraude, je ne suis pas certain qu’il n’y aurait pas quelques rappels douloureux.
Je me suis aussi laissé dire que le métier d’abeille était fort dangereux, qu’il y avait une mortalité importante provoquée par de très nombreux accidents du travail. Nombreuses sont celles qui ne retrouvent plus le chemin de leur ruche, et qui errent complètement désorientées jusqu’à l’épuisement et la mort. Et je ne vous parle pas des risques d’attentats provoqués régulièrement par les frelons asiatiques. C’est l’horreur.
En dépit de toutes leurs difficultés, je les entends besogner, besogner et besogner encore, à tel point que je parierai bien qu’elles ont une ruche en Suisse… En tout cas, leur bourdonnement tombe bien, on parle d’elles à l’Assemblée nationale… à l’occasion du projet de loi pour « la reconquête de la biodiversité ». Quel honneur !
Et que dit-on ? On dit qu’elles devraient, comme d’autres, faire du lobbying auprès des « décideurs » pour diminuer la mortalité au travail. Emporter, par exemple, un petit pot de « gelée royale » au ministère de l’environnement… inutile par contre de faire la même chose au ministère de l’agriculture… Faire livrer plutôt un petit bidon de néonicotinoïdes, de chez Bayer naturellement, il paraît qu’ils en sont friands, obliger les seulement à sniffer sans retenue en leur faisant croire qu’il s’agit d’un parfum de chez Dior… Ils ne savent déjà si peu où ils habitent qu’ils ne vont pas tarder à se retrouver dans les bureaux de la FNSEA…
Et à l’Elysée me direz-vous, on ne porte rien ? Non, je ne crois pas que cela soit nécessaire, à l’Elysée on a le bourdon…
Le Quaireux le 20 mars 2016