Paradis…

Par les temps plus que troublés que nous traversons, j’avoue très humblement que je ne sais plus à quel paradis me vouer.

On m’a dit que le paradis terrestre, c’était il y a bien longtemps, un super jardin des délices juste avant la chute d’Adam, la soi-disant chute originelle qui oblige aujourd’hui encore à enfanter dans la douleur et à gagner notre pain à la sueur de notre front… Il ne reste de ce paradis qu’une espèce de pommier utilisée comme porte-greffe pour sa robustesse. Elle donnera, j’en suis certain, de nombreuses pommes à croquer. Puisse Eve en être remerciée….

Le paradis artificiel n’est qu’un vulgaire pléonasme qui s’acoquine cependant avec des sociétés écrans rutilantes de dividendes à faire pâlir les grands banquiers de la planète.

Au pays de la libre entreprise, rien n’interdit d’ouvrir une blanchisserie pour tenter de laver plus blanc, plus blanc que blanc c’est encore mieux, même s’il peut arriver parfois qu’à force de laver plus blanc, on tombe dans le blanchiment… au fond, une machine à blanchir c’est un véritable paradis…

Le paradis de Mahomet qui promettait la jouissance de tous les plaisirs des sens est momentanément fermé, il n’y a plus, après toutes ces révélations, que quelques iles qui sont vierges. Faites dire aux futurs convertis qu’il leur faudra attendre un peu.

Le paradis de la Marine n’est pas du tout ce que l’on croit. C’est un ponton au fond du port où les bateaux sont à l’abri des tempêtes de toutes sortes, c’est bien sûr un simple hasard et la faute de l’océan si l’on s’abrite à Panama.

Le paradis dans les théâtres que l’on dit aussi poulailler, me semble bien plus sympathique, on peut y rencontrer Molière à un prix défiant toute concurrence ! Placé tout en haut du théâtre, ce paradis là permet de regarder Claudel de haut, grand privilège ! Et puis autre privilège, il peut être possible d’y écouter chanter Brassens : « un p’tit coin d’parapluie, contre un coin d’paradis… » Ce paradis là m’intéressait d’autant plus « quelle avait l’air d’un ange en somme… »

Reste le paradis fiscal, je viens de découvrir avec stupeur que je devais le fréquenter, sans le savoir Monsieur le juge ! Je vous le jure ! Mais par banquier interposé. Et je me sens coupable de ne pas l’avoir dénoncé ! Vais-je être condamné pour non dénonciation de « banquier en paradis fiscal », vais-je être condamné pour un délit de « complicité de Société Générale »…

Je ne saurais faire contre mauvaise fortune bon cœur ! Je sais qu’il est désormais interdit de faire virer sa retraite dans une lessiveuse par souci de bouilliture fiscale…, je vais donc chercher un autre banquier, propre sur lui…
Croyez moi, ils ne l’emporteront pas au paradis !

Le Quaireux le 10 avril 2016

2 réflexions sur « Paradis… »

  1. Mieux vaut raconter l’histoire ainsi, c’est tellement bien tourné, car au fond si on laissait son bas instinct humain s’exprimer ce serait plutôt une colère non maitrisée qui jaillirait tant les trahisons sont grandes, la négation du citoyen de base est insupportable, l’avenir assombri, laissant « espérer » un orage faisant le ménage (voire la lessive!!) mais qui en seraient les victimes encore????
    seul le climat saura mettre tout le monde sur la même ligne d’arrivée!

  2. c est paradisiaque!
    il faut faire avec dans notre poitou ou »pouétou »
    apres les « nuits romanes » naissent des nuits debout
    oui il faut se battre
    on fonce
    serge

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