Juste un petit effort de mémoire :
Septembre 2015, alors que sa Majesté n’est encore qu’un simple Ministre de l’Economie parlant des abattoirs GAD en difficultés, il proclame : « Il y a dans cette société une majorité de femmes qui sont pour beaucoup illettrées, pour beaucoup on leur explique : vous n’avez aucun avenir à GAD ni aux alentours. Aller travailler à cinquante ou soixante kilomètres, ces gens-là n’ont pas le permis de conduire, on va leur dire quoi ? Il faut payer 1500 euros, il faut attendre un an !
Mai 2016, il affirme à un salarié gréviste : « La meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler ! »
Juin 2017, c’est l’heure où des milliers de comoriens tentent d’échapper à la misère en essayant de regagner Mayotte…Voulant montrer qu’il s’y connait en matière de navigation, il indique : « à Mayotte c’est le kwassa kwassa » et il ajoute « mais le kwassa kwassa pêche peu, il amène du comorien, c’est différent ! »
Juillet 2017, lors de l’inauguration d’un incubateur de start up, il déclare: « une gare, c’est un lieu où l’on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne font rien ! »
Juillet 2017, à la fin du G20 à Hambourg, il se lâche : « Quand des pays ont encore aujourd’hui sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros vous ne stabiliserez rien. »
Septembre 2017, lors de la visite de l’école française d’Athènes, il claironne : « Je ne cèderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes. Et je vous demande d’agir avec la même détermination. »
Comment peut-on alors prétendre que cette dernière déclaration est le fruit d’un simple dérapage ?
En tout cas si dans le langage officiel le mot fainéant doit remplacer celui de travailleur, j’ai croisé beaucoup de fainéants le 12 septembre dans la rue. Si le mot inactif fait disparaître celui de retraité, j’ai marché un bon moment parmi les inactifs. Si les mots de fraudeur, glandeur, oisif et désœuvré méprisent totalement la souffrance et la misère du chômage, ce n’est pas surprenant que la rue reprenne sa colère !
De tout temps les seigneurs ont méprisé les manants, c’était cela l’Ancien Régime. Le Monarque aurait intérêt à ne pas oublier l’histoire, parce que la République ne peut se construire sur le mépris des petits et des sans -grade.
Bien sûr le mépris engendre les colères, à ce jour, chacun marche derrière l’étendard de sa propre colère, c’est sans doute un premier temps. Mais pour construire une alternative politique, les colères doivent s’unifier en dépassant encore une fois les intérêts particuliers qui ne s’expriment que dans le court terme de tactiques que le temps fera regarder comme des futilités de chapelle. Les divisions ont toujours coûté très cher, faisons en sorte qu’aujourd’hui, elles ne président pas au détricotage systématique des protections sociales que les luttes unitaires avaient gagné pour nous.
Le 18 septembre 2017
Eric Gautier