« Expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser. »
Cette déclaration du premier Ministre, lors de la commémoration de l’attentat de l’Hyper Cacher, fait écho à une autre déclaration au Sénat le 26 novembre 2015 : «J’en ai assez de ceux qui cherchent en permanence des excuses et des explications culturelles ou sociologiques à ce qui s’est passé.» Il ne peut donc aucunement s’agir d’un écart de langage, d’une phrase qui dérape. Le premier ministre est un récidiviste.
Naturellement, cette phrase s’applique au terrorisme ou plutôt aux terroristes, mais comment peut-on en arriver à déclarer qu’il faut éviter de chercher à comprendre ?
Quel est ce principe qui interdit l’explication des faits au prétexte que cette explication pourrait soulever des questionnements, des interrogations et peut être même des doutes ?
Juger sans comprendre reviendrait à éliminer de notre langage et de notre pensée la question du pourquoi, au prétexte que poser cette question là déboucherait au bout du compte sur une explication des faits qui deviendrait synonyme de bienveillance vis-à-vis des terroristes. N’est-ce pas nous conduire tout droit sur les rives de l’obscurantisme ?
Bien sûr dans un premier temps ce terrorisme intellectuel fait moins de morts que les balles aveugles des kalachnikovs, mais ne s’attaque-t-il pas tout simplement, avec ce genre de déclarations, à notre liberté de penser, à notre liberté de questionner, à notre liberté de comprendre ?
Refuser d’expliquer au prétexte que c’est déjà vouloir un peu excuser, c’est en fait enfermer notre liberté dans la croyance au détriment de la raison, et limiter les phénomènes qui nous entourent au ressenti, à l’émotionnel, à la compassion et aux commémorations multiples.
La raison et, au bout du compte, la liberté de penser passent ainsi à la trappe du terrorisme. N’est-ce pas exactement ce que veulent les auteurs d’attentats ?