Comme vous le voyez, on peut avoir des humeurs même pendant les vacances. Vous pouvez aussi visiter la galerie » l’œil oblique » ouverte au 17 rue des Halles à Celles sur Belle, les jeudis, vendredis et samedis du mois d’août. Vous pouvez enfin venir au moment de la lecture le samedi à 17 heures…
à bientôt j’espère.
A chacun ses dieux : en Grèce Zeus régnait en dieu incontesté, puisque comme disait Eschyle « Zeus est tout ce qui est au dessus de tout ! ». Il dirigeait le haut conseil des dieux de l’Olympe… et, pendant ses temps libres, honorait à l’envie déesses et mortelles…quelle santé !
A Rome, bien avant que le Vatican n’ait eu sa Place Saint Pierre, il y avait Jupiter, lui aussi régnait en dieu incontesté. C’était de lui qu’émanait toute autorité, il semblait avoir pris la suite des affaires de Zeus, et quelles affaires… Minerve était sortie de sa tête, et Minerve, je ne sais si vous avez eu l’occasion de la rencontrer, c’était tout simplement Birgit, la grande déesse Celte, elle-même mère de tous les dieux… autrement dit Brigitte en bon français ! Après ces quelques recherches dans les méandres de la mythologie, je comprends mieux la réincarnation jupitérienne qui trône aujourd’hui dans les salons de l’Elysée… Après tout L’Elysée n’est ce pas la résidence des bienheureux après leur mort ? Et comme il vaut mieux assurer le coup autant y séjourner de son vivant…
L’avantage avec Jupiter, le vrai qui brille encore dans le ciel pour un bon bout de temps, c’est qu’il n’a plus à se fatiguer, il est déjà entré dans l’histoire puisqu’il est l’origine de toutes choses… En revanche, pour l’apprenti Jupiter, croyez-moi, rien n’est encore fait parce qu’il arrive qu’on entre dans l’histoire par la grande porte et que l’on en ressorte sans le vouloir par un tout petit trou de souris!
Il fait pourtant tout pour y arriver. Depuis qu’ils ont perdu à Alésia, les Gaulois s’évertuent à ressembler à leur vainqueur, complexe de Stockholm oblige. Comme les romains, ils demandent du pain et des jeux ! Pour les jeux ça y est, on va enfin les avoir, l’Olympe a parlé… et puis remercions aussi Jupiter de l’arrivée à Paris du demi-dieu du ballon rond, demi-dieu seulement car Jupiter est sans aucun doute bien meilleur pour tâter de la balle ! La planète ronde entière aux genoux de Jupiter avec des pétrodollars plein les poches ! Les émirs auront tous leur place avec les biens heureux sur les Champs Elysées. Parce que c’est comme ça qu’on fait oublier à tout un pays la réalité qu’on lui impose…
Oublié l’état d’urgence, puisqu’il sera la normalité de notre quotidien… Oublié l’impôt sur la fortune, on ne va quand même pas faire payer les riches… Oubliée la moralisation de la vie publique, c’est quand même pas si grave d’être élu en trainant un casier un peu chargé… Oubliée l’interdiction des activités de conseil pour les élus, ce serait tellement stupide de couper le robinet du lobbying… Oubliée aussi la suppression de milliers d’emplois aidés, parce qu’avec tout cet argent dépensé, il y a quand même de meilleurs placements à réaliser, n’est-ce pas Monsieur le banquier ?
Et puis, j’ordonne aussi qu’on oublie les nombreuses conséquences de la Loi Travail, nous dira Jupiter en crachant la foudre contre tout ceux qui auraient encore quelques velléités de mémoire !
On se mettra donc en marche pour faire la queue à la billetterie du Stade de France, histoire d’être bien certains d’oublier… Quant aux autres, les Spartacus de tout poil qui refusent de marcher, on en fera un beau sacrifice sur l’Autel de l’Etat d’Urgence et du Libéralisme Réunis, histoire de les plonger dans l’oubli définitif.
En attendant, il est essentiel que le ballon rond tourne bien rond, un ballon rond bien gonflé, parce que jouer avec une baudruche percée, c’est tout juste bon pour s’entraîner dans les favelas brésiliennes… surtout si l’on veut sortir de la cuisse de Jupiter, expression qui remplace dans le vocabulaire élyséen ce qu’hier on appelait encore la promotion sociale.
Le Quaireux le 6 août 2017