Indiscutablement l’essoufflement de la Vème République devient de plus en plus manifeste. La quasi totalité des impétrants se déclare hors système. Le système, encore un mot valise qui ressemble à une auberge espagnole.
Fillon se dit hors système… il prétend même en être victime ! Le système n’est qu’une machination politico- judiciaire, gérée de l’Elysée par un cabinet noir, véritable machine à complot contre sa personne. Il tente de faire oublier Pénélope, les costumes, les montres, les commissions diverses et les autres cadeaux ! Le système qu’il fustige est celui des journalistes, des juges et de ses adversaires politiques qui veulent le pousser sur la touche.
Mais tout en se proclamant anti système, il veut redresser le système et pour cela supprimer les cotisations sociales, trop lourdes pour les entreprises, supprimer l’impôt sur la fortune, qui met les plus riches sur la paille, supprimer les services publics et leurs 500 000 fonctionnaires inutiles et trop chers… déréglementer à tour de bras, gouverner non avec le 49-3 mais par ordonnances… c’est-à-dire aussi sans l’Assemblée… Le Medef l’accueille à bras ouvert… preuve que tout en se prétendant antisystème il reste favorable au système que l’on dit libéral, pour éviter le gros mot de capitaliste…
Logique, Fillon n’est-il pas lui-même l’exemple parfait de l’enrichissement personnel ?
Certains de ses amis se pincent un peu le nez, parce que ça ne sent pas toujours bon… Il tente de faire oublier qu’il fait partie des vieilles lunes et qu’il a été le Premier Ministre qui a le plus creusé la dette d’un système qu’il prétend aujourd’hui redresser…
La Marine se dit également hors système, elle prétend elle aussi que le système n’est qu’une machination politico judiciaire, véritable machine à complot contre son parti. Elle s’en prend aux médias et aux juges. L’extrême droite a toujours eu la haine de la République. Aujourd’hui, elle veut lui donner le baiser du lépreux, elle reprend ses mots en détournant leur sens pour mieux cacher son jeu . Refermer les frontières, reparler de nation, en cachant que derrière c’est le nationalisme, exalter la France éternelle aux racines chrétiennes, mépriser l’étranger, réécrire l’histoire en détournant les faits, respirer et vomir des discours démagogues en guise de programme.
« L’homme qui se met en marche » s’affirme également hors système ; La preuve, selon lui, c’est qu’il a le soutien de mutants de tout bord, Madelin, libéral absolu, Robert Hue, marxiste en déshérence, quelques anciens ministres courant après l’histoire, et un premier d’entre eux, magnifique fleuron, exilé socialiste en demande d’asile, profondément blessé d’un coup de pied au cul magistralement botté…
D’autres, ralliés de la 25 ème heure pourraient bien, à leur tour, sonner au portillon… Les premiers le feront avant le premier tour, les seconds le feront avant le second tour…quand aux petits derniers ils garderont patience jusqu’aux législatives, certains s’afficheront avant le premier tour pour préserver leurs sièges, d’autres seront élus en serrant une rose qui fanera d’elle-même dès qu’ils auront pris place au banc des députés… surtout si cette rose a gardé ses épines… alors ils se mettront en marche…
Mais pour ceux qui veulent respirer les valeurs de la gauche, ce spectacle désole à en faire pleurer. La gauche désunie n’est qu’un fétu de paille qui sera balayé. Reste à savoir si l’élection a d’abord pour objectif de solder les comptes de luttes fratricides. En ce cas il est vrai, pas besoin d’être élu, peu importe qui gagne, pour peu que l’on soit devant l’autre. Au mieux, on montera sur le podium, éliminé avec le titre de premier des battus. On aura oublié tous ceux que le système étouffe, ceux qui n’en peuvent plus et ceux qui vont trinquer !
Mais on pourra toujours s’affirmer hors système, en criant haut et fort que derrière compromis il y a compromission. On gardera les mains politiquement propres mais humainement terriblement sales !
Le Quaireux