Fessenheim, dernière promesse à tenir avant l’élection, dernière cerise sur le gâteau… Dernière promesse dans les mots, illusoire dans la réalité… Dernier décret, signé aux conditions fixées par EDF : la fermeture se fera après l’ouverture de Flamanville. Quand on sait que Flamanville prend constamment du retard et de la facture, qu’un décret peut en effacer un autre… et qu’ EDF a posé comme autre condition que le niveau de production soit maintenu… Si Flamanville continue à avoir des ratés, la vieille centrale de Fessenheim n’est pas fermée de si tôt… pour qui nous prend-on ?
Mais au fait, qui prend les décisions dans une entreprise que l’Etat possède à plus de 80% ? Le Conseil d’Administration bien sûr ! Oui mais qui siège au Conseil d’Administration?
Le site internet d’EDF publie le nom et les fonctions des administrateurs. On y retrouve :
Le président d’EDF, nommé en Conseil des Ministres. Il est également Président du Conseil d’Administration d’Edison Italie, Président du Conseil d’Administration d’EDF Energy Holdings Royaume-Uni, Président du Conseil d’Administration de la Fondation EDF France, Administrateur de Dalkia, Administrateur d’EDF Énergies Nouvelles, Administrateur de la Société Générale, Administrateur de l’Institut Pasteur, Vice-président du Conseil d’Administration Eurelectric Belgique, Représentant d’Électricité de France Haut Comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire. C’est tout… mais que voilà une belle carte de visite qui ignore, totalement ce que peut être un cumul de mandats mais qui intègre parfaitement ce qu’est réellement un cumul de jetons…
Autour de la table on peut aussi croiser :
Le Président du Directoire de Vallourec, Vice-président de l’Institut de l’entreprise, Administrateur de Vallourec Tubos do Brasil SA Brésil,
Le co-président du Conseil d’Administration de Lafarge-Holcim, Président d’honneur de Lafarge, (on peut avoir de l’honneur et rester Président de Lafarge Ciments !) Cet honoré président est également administrateur d’Arcelor-Mittal Luxembourg (Mittal, ça ne vous dit rien ?) Président du Pôle Développement durable du MEDEF, (là, je suis sûr que le MEDEF ça vous parle !). Ce monsieur est aussi Membre du Comité exécutif du Conseil Mondial des Entreprises pour le Développement Durable en Suisse… ce qui peut toujours être utile….
Une Administratrice de Bouygues France, par ailleurs Administratrice de Nexans, d’Eurotunnel France, d’Ingenico, Membre de l’Académie des Technologies et Membre du Comité Stratégique de la Recherche en France
Le Secrétaire général du Ministère des Affaires étrangères et du Développement international, Administrateur d’AREVA, Administrateur de France Médias Monde, Administrateur de l’Agence Nationale des Titres Sécurisés, Administrateur de la Commission de récolement des dépôts d’œuvres d’art, Administrateur de l’Établissement de Préparation et de Réponse aux Urgences Sanitaires, Administrateur de l’École Nationale d’Administration, Administrateur de l’Institut Français, Membre du Comité de l’énergie atomique, Notez qu’il est important que les « urgences sanitaires » aient un lien direct avec AREVA et le CEA… ça peut encore être utile…
La Vice-présidente du Directoire IFOP, Administratrice de BNP Paribas, Présidente du Conseil scientifique de Fondapol, un « think tank » libéral, progressiste et européen, (tiens progressiste, ça ne vous rappelle rien ?) pour votre information, cette dame est également ancienne présidente du MEDEF,
Le Représentant spécial du Ministre des Affaires étrangères et du Développement International pour les pays de l’ASEAN, Association des Pays de l’Asie du Sud Est, Président du Conseil d’Administration d’AREVA, Administrateur de Saint-Gobain, Président du Cercle de l’Industrie,
Le Commissaire aux participations de l’État d’ EDF, Administrateur de Renault, Administrateur de Thalès, Administrateur de Bpifrance (la Banque Publique d’Investissements…)
Et quelques syndicalistes préoccupés par les emplois…
Que peuvent donc bien peser les décisions d’une Ministre ou même d’un Président de la République, face à la puissance financière d’un tel aréopage ? Peu de choses à n’en pas douter.
Ce petit monde laissera aux politiques, le soin de tordre les mots, de se lancer dans les dernières pirouettes langagières pour masquer leur impuissance réelle à gouverner sur l’essentiel et donc à tenir leurs promesses. Les multinationales leur laisseront quelques os à ronger, le sociétal ou le social, autant de secteurs qu’elles seront en mesure de contraindre par leurs décisions. Les mots ne servent alors que de hochets, pour détourner l’attention. Les décisions sont bien prises par le pouvoir, mais le lieu du pouvoir n’est ni à l’Elysée, ni à Matignon, ni au Ministère de l’Environnement, mais autour de la table des Conseils d’administration des multinationales…puisque, même l’Etat propriétaire à plus de 80%, ne peut imposer ses décisions ! Quant aux acteurs, ils ne sont pas forcément ceux que l’on croît. La marionnette n’est que l’image visible du castelet, les véritables acteurs ne prennent jamais la lumière.
Alors en cette période d’élection présidentielle, cela montre que le vote utile dont on nous rebat les oreilles, le vrai vote utile n’est pas encore une fois le vote pour le moins pire, parce que dès le candidat du vote utile aura franchi la porte de sa prise de fonction, il s’empressera d’aller servir la soupe à ses vrais maîtres en signe d’allégeance. Non le vote sera vraiment utile s’il permet de reprendre pied dans le pouvoir réel et non dans l’illusion du pouvoir.
Le Quaireux le 10 avril 2017