L’œil oblique

Reflets de Sèvre

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poème et photos Eric Gautier
Editions Atlande

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Un simple filet d’eau perce les lèvres rouges de la terre
la source naît sous l’ombre large des fougères
Elle court, elle grossit, elle enfle
antipodes des eaux dormantes et sages
elle bruisse et roule légèrement
entraînant dans son rythme le chant têtu des grillons orageux

Elle danse, rides fraîches d’été
à peine née
elle s’échappe
disparaît sous la roche
et resurgit plus loin
sans que l’on sache d’où…

… L’été
elle baigne de chaleur
s’endort sous les lentilles
s’asphyxie dans les conches
dessine furtivement
à deux pas de la barque
la trace de la pelle
et son rythme dans l’eau…

…La nuit s’achève entre chien et loup,
les longues ombres du soir vont faire face à la nuit
elle se risque en ville

Le chien soudain devenu loup
le noir vient aiguiser la peur
l’imaginaire entre en dérive
l’obscurité est un délit
elle va cacher le braconnier…

Elle porte en son courant
la nostalgie des clairs de lune
des nuits d’errance à la recherche des étoiles
Simplement pour emboîter le pas têtu des peuples migrateurs
autant de choses que la ville sédentaire ne saurait comprendre…

…Tout est forme et couleur
tout est couleur et forme

Parfois danse une simple feuille
vestige du réel
témoignage du temps…

Quitte à laisser griser sa couleur aux portes des bouchots
quitte à laisser la vase engloutir le courant
Pour finir son voyage
elle a couru l’ambition de se perdre rivière pour grandir en un fleuve

Simplement pour donner à la mer deux ou trois gouttes d’eau,
d’une eau si douce qu’on en aura oublié le prix du sel.

 

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