Les soliloques du cormoran

et autres congénères à plumes…

Textes Eric Gautiercouv cormoran054
Photo de l’auteur et des Photographes du groupe ornithologique des Deux-Sèvres (GODS)

Préface Allain Bougrain-Dubourg

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Lire le monde des humains à travers de la loupe du monde des oiseaux ou bien regarder le monde des oiseaux à travers la loupe de celui des humains ? Nous avons le choix… Mais de toute façon les oiseaux en ont toujours voulu au poète d’utiliser régulièrement une de leurs plus belles plumes  pour mener à bien ses travaux de poésie et les humains en ont toujours voulu aux oiseaux de les regarder de haut, de très haut parfois…

Comment ne pas tenter une mission de conciliation, convaincu que le pire aurait sans doute été de se traiter de noms d’oiseaux…

Extraits

Chevalier Guignette

chevalier guignette

 

Cela faisait déjà un bon moment que le chevalier guignette guignait avec intérêt les gambettes de la chevalière du même nom. Sans même se l’avouer il rêvait, c’était certain…
Guigner : plisser les yeux au point de ne laisser passer que le fil du regard, histoire de voir sans être vu.
« Vous me portez la guigne ! Chevalier guignette » hurla dans un chant très particulier le chevalier gambette pourfendeur de vertu, qui lui aussi nourrissait  quelques ambitions.

Sans combattre, mais d’un coup d’aile sec et rapide, la guignette s’envola au ras de l’eau d’un vol libidineusement lourd et triste.   «  Je reviendrai demain si aujourd’hui le fruit n’est pas encore tout à fait mûr… »
Et le regard de la guignette se remit à guigner en attendant mieux.

 Pic vert

pic vert

Le pic vert peut parfois agacer, quand on entend le bruit sec  de son bec pointu marteler avec une obstination plus que têtue l’écorce d’un arbre qui commence à se friper en hommage aux années qui passent…

Toujours le même rythme, toujours au même endroit, pas forcément très fort mais toujours régulier, frappant au millimètre, portant dans chacun de ses coups la répétition à l’identique, immuable et bourrée de certitudes. La certitude qu’en fin de compte, au bout du bout, à la fin des fins, c’est son geste incessant qui aura raison de la branche moussue et qui la tailladera en un magnifique trou circulaire dans lequel pourra se blottir le temps.

Il ne faut cependant jamais oublier, que derrière cette certitude absolue, se cache l’intelligence du choix. 0n ne fait pas son trou dans n’importe quel arbre, dans n’importe quelle branche, il faut là aussi être en mesure de choisir le maillon faible, c’est-à-dire l’arbre qui n’attend plus de la vie que le choc régulier du bec pointu qui le magnifiera en objet de sculpture.

Martin pêcheur

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Qu’est-ce qu’un martin pêcheur sans sa martine pécheresse ?
Un simple trait turquoise qui nargue furtivement la rivière.
Et avec sa martine me direz-vous ?
Avec sa martine ? … alors là… c’est bien autre chose…  ou bien ils pêchent et partent joyeusement ensemble taquiner le goujon en écoutant avec ravissement le clapotis du ruisseau… ou bien ils pèchent ou s’apprêtent à pécher, et alors là c’est une course effrénée parsemée de petits cris aigus, quelques pirouettes acrobatiques,  un merveilleux plongeon à ravir sa belle, des œillades appuyées, une danse nuptiale endiablée, tout cela pour un tout petit péché mignon… un vrai péché de pécheur qu’on absoudra à confesse…

Et oui ! La séduction ne tient parfois qu’à un accent ! C’est un vrai séducteur martin surtout quand il court après sa pécheresse…

 

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