Les mariés étaient en noir…

Monsieur Bayer vient de convoler en justes noces avec Monsieur Monsanto. Quelle belle soirée… et quel mariage : la dote est de 59 milliards d’euros. Juste après la signature  les nouveaux époux tout heureux ont déclaré : « La transaction met ensemble deux activités différentes, mais fortement complémentaires ».
A les entendre, l’amour n’a pas grand-chose à voir avec ce mariage là, on s’en serait douté.

Marions les, marions les, je crois qu’ils se ressemblent…
Marions les, marions les, ce sera très juteux…
Chantaient en choeur les actionnaires heureux venus assister à cet événement majeur

Qu’apportent-ils dans la corbeille ? Un chiffre d’affaires : 10,37 milliards d’euros  pour Monsieur Bayer, 13,40 milliards pour Monsieur Monsanto. Soit un total de 23,77 milliards d’euros… Ce qui donne naissance au plus grand groupe mondial de l’agrochimie.

Monsieur Monsanto apporte le glyphosate, mieux connu sous le nom de roundup, Monsieur Bayer ses pesticides tueurs d’abeilles Gaucho ou Proteus, Monsieur Monsato offre ses semences génétiquement modifiées, les engrais pour les faire pousser, les pesticides qui vont avec et la haine des semences paysannes qui lui échappent.  Monsieur Bayer apporte quant à lui les médicaments pour soigner le cancer provoqué par Monsieur Monsanto, merveilleux non ! Et les deux époux s’accordent pour développer la marchandisation du vivant !

Les témoins ont été choisis parmi les anciens de la famille, Monsieur Monsanto a sollicité « l’agent orange » défoliant spécial ancien de la guerre du Vietnam et Monsieur Bayer a demandé l’assistance d’IG Farben et de  « zyklon B » en leur demandant de cacher leur  identité devenue douteuse après la fermeture des camps. Ces deux ancêtres ont répondu présent soucieux de montrer ainsi la continuité heureuse de leurs entreprises.

Mais au pays des requins, les gros mangent toujours les petits, ils ne sont plus que quelques uns dans la lagune mondiale de l’agrochimie. Chemchina vient d’avaler Syngeta qui ne pesait que 11,98 milliards d’euros, Dupont fait dans le menu fretin en dégustant Dow et pèse désormais 14,45 milliards d’euros et BASF qui ne pèse que 5,82 milliards commence à s’inquiéter sur son sort…

Il est vrai que plus il y a de concentration, plus il y a de pouvoir, ou plus exactement plus on peut imposer ses produits aux petits gouvernements locaux de la planète.

A la sortie de la mairie les nouveaux époux passèrent sous une grande banderole tenue par les demoiselles d’honneur affriolantes. Il était écrit en lettres majuscules :

« Intégrité »« Dialogue »« Transparence »« Partage »« Utilité » et « Respect ». En clair la charte éthique des futurs époux !

Le plus inquiétant dans cette affaire, reste bien la descendance potentielle du nouveau couple. Il y a de grands risques de malformations congénitales car leur exposition quotidienne aux perturbateurs endocriniens est un facteur avéré de dégénérescence génétique.
Il serait donc fortement souhaitable que  cette imprégnation permanente rende totalement stériles les tentatives de  reproduction des nouveaux mariés, même si pour conjurer ce risque de stérilité, les mariés  furent inondés  de grains de riz transgénique sur les marches de la mairie.

Donner naissance à un véritable monstre, voilà qui mettrait en péril la planète entière. C’est pour tenter d’éviter cela que, du 14 au 16 octobre prochain, un tribunal international se réunira à la Haye pour juger Monsanto pour violations des droits humains, crimes contre l‘humanité et écocide. Merci à Marie Monique Robin, Corine Lepage et à tous ceux qui disent avec Nnimmo Bassey – Architecte, militant pour l’environnement, auteur et poète nigérian : « Nous ne pouvons pas rester les bras croisés, debout et en retrait à regarder une poignée d’entreprises corrompre et détruire notre agriculture, empoisonner nos écosystèmes et commettre un écocide ».

Le Quaireux le 18 septembre 2016

 

Plus d’informations sur le site : monsanto-tribunal.org

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