Créationnisme

Dans le village où j’habitais à l’époque, la bonne du curé était très loin d’avoir la pétulance de la célèbre « servante du curé » décrite par Ricet Barrier. Pourtant, il est bien certain que, si Dieu lui avait prêté vie, au lieu de la rappeler brutalement à lui au moment précis où elle aurait dû demander à sa 2CV  évangélisatrice de marquer un stop, elle aurait vu avec une immense satisfaction l’élection d’un de ses confrères créationnistes dans les plus hautes sphères de la Maison Blanche.

Chargée en effet de catéchiser les communiants en herbe, elle s’était donné pour mission, entre deux prières en latin à réciter par cœur, d’expliquer la création du monde. Et c’est ainsi qu’une petite fille, ayant parfaitement bien compris la leçon sur  la théorie de l’évolution chère à Darwin apprise à l’école eut le malheur d’émettre quelque doutes sur les six grandes journées de labeur du créateur : « Et ta mère, c’est une guenon » ! répliqua vertement la chargée de cours de la paroisse !
Histoire parfaitement véridique, qui soyez en certain ne s’est pas déroulée dans une époque particulièrement obscurantiste, on était dans les années quatre vingts… Mais comme on peut le voir aujourd’hui encore, l’obscurantisme n’a pas d’époque.
N’est-ce pas le nouveau Vice-Président  des Etats Unis d’Amérique, Mike Pence qui déclarait tout récemment : « Est-ce que je crois à l’évolution? Je suis de l’avis que Dieu a créé le ciel, la terre, les mers et tout ce qu’ils contiennent. »

En revenir quasiment à la vision de Ptolémée où la terre est le centre de l’univers et ressusciter le procès de Galilée par l’inquisition cela montre bien qu’aujourd’hui encore la croyance peut prendre la place de la science. Rien n’est jamais acquis.
Il paraît que Dieu a créé l’homme à son image. Ainsi l’homme est à l’image de Dieu et donc réciproquement Dieu est à l’image de l’homme. Si l’homme est à l’image de Dieu, ce n’est pas vraiment flatteur pour Dieu vu le comportement fréquent de l’homme mais si Dieu est à l’image de l’homme, ce n’est guère plus rassurant pour Dieu car l’homme, souvent volage, risque fort de changer de Dieu, pour aller adorer un veau d’or ou les marchands du temple…
Jésus, le fils de Dieu étant blanc, le créationniste prêche naturellement la supériorité de l’homme blanc, Il s’affirme raciste.

Quant à la femme, le créationniste n’oublie jamais de préciser, que par se accointances avec le serpent, elle a fait chasser l’homme du paradis, après lui avoir fait croquer la pomme, et là, Il oublie bien de nous dire si le jeu en valait la chandelle… Sa femme enfantera dans la douleur mais le créationniste déguste la pomme…
De toute façon, née de la multiplication d’une côtelette de l’homme, la femme ne saurait  être sortie de la cuisse de Jupiter, c’est pourquoi le créationniste prêche la supériorité de l’homme sur la femme et nie bien sûr la liberté de la femme de disposer d’elle-même comme bon lui semble.

Penser que les Etats Unis d’Amérique puissent avoir dans leur gouvernement des représentants totalement dévoués à l’obscurantisme est fortement inquiétant, mais sommes-nous si certain que la France reste à l’abri ? Il n’est qu’à regarder les défilés de « la manif pour tous » et la perméabilité de la droite et de son extrême à ce genre de théorie, pour découvrir, qu’encore une fois, le vent souffle d’Amérique.

La lutte contre l’obscurantisme reste permanente et de tous les instants.

Le Quaireux le 20 novembre 2016

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